Neil Young, ou l’essence même de l’artiste transgénérationnel, au sens où nos parents écoutaient déjà Harvest sur l’autoradio de leur R5 qui sentait encore le neuf quand ils partaient en vacances en 73 à Font-Romeu.

Plus de 30 ans après, il semble toujours difficile de passer un été ensoleillé sans s’envoyer de temps en temps un petit Heart of Gold ou un Out on the Weekend de derrière les fagots…

C’est donc la tête pleine de pépites acoustiques du vieux Neil, mais aussi avec en mémoire des titres plus pêchus de la période Crazy Horse que je me rendis au Zénith de Paris, avec cette idée lancinante : et si c’était le concert de ma vie ?

Eh bien non ! Oh certes, le concert fut loin d’être médiocre. Et sur les 2 heures de spectacle, une bonne heure et demie était de tout premier choix. Mais voilà, lorsqu’on débute son show avec des titres où grosses guitares côtoient batterie mastoc, on laisse forcément l’auditeur perplexe. Non pas perplexe sur la santé de M. Young, puisque ce brave Neil coule apparemment des jours heureux avec sa choriste de femme. Non ! Plutôt perplexe par rapport à ses choix artistiques. Comment a-t-on pu ainsi autoriser cette batterie pachydermique sur Hey Hey, My My ? Comment a-t-on pu un jour se dire : “Tiens, j’ai une excellente idée : on va faire descendre un clavier engoncé dans un coffrage en pierre en forme d’oiseau, et cela ne fera absolument pas penser à Stonehenge dans Spinal Tap !” ? Comment, enfin, peut-on imaginer que rallonger toutes ses chansons électriques de 3 minutes avec des solos interchangeables tout en distorsion est une bonne idée ?

Enfin, avouons-le, la critique est un peu dure. Et on ne peut pas rester insensible à la voix toujours juvénile de Neil, lorsqu’il entonne le Old Man qu’il est maintenant, ou encore Don’t Let It Bring You Down. On ne peut pas rester non plus impassible devant un hymne de stade tel que Rockin’ In The Free World, ni à la reprise finale très juste de A Day In The Life. Bref, ne cachons pas plus longtemps que nous avons passé un bon moment et que si le bougre venait à repointer le bout de ses rouflaquettes sous nos contrées, une nouvelle visite de la capitale s’imposerait à nous !