Keren Ann en concert au Havre le 30 avril 2005.

Les lumières du théâtre de l’hôtel de ville s’éteignent et la première partie commence. Deux gaillards trentenaires arrivent sur scène. Le premier, sosie vague d’Edouard Baer s’appelle Doriand. C’est lui le chanteur et ce sont ses chansons que nous allons entendre. Le second, guitariste, s’appelle Peter van Proote (ou quelque chose de ressemblant) (edit : il s’agissait en fait de Peter von Poehl). Il n’est plutôt pas français (vaguement suèdois, danois ou quelque autre pays peu chaud) mais je le connais déjà pour l’avoir vu, seul, chanter ses chansons à lui, en première partie d’Autour de Lucie, il y a quelques semaines, au café de la danse. Apparemment, M. van Proote a participé à l’élaboration du 1er album de Doriand (dans lequel celui-ci reprend d’ailleurs une chanson du blondinet) et désormais, il l’aide à l’étrenner sur scène.

Le concert commence. Après des premières chansons qui n’arrivent pas à me convaincre, les textes de Doriand, plutôt naïfs, commencent à me plaire, et je sors du concert complètement fan. Minimaliste, l’environnement musical se limite à Peter à la guitare, Doriand au clavier et aux samples et la courte apparition d’une violoniste. A noter la chanson finale, dont le titre doit être L’imposteur ou quelque chose de ressemblant. Le thème est plutôt banal : l’amoureux secret qui joue le rôle de bon copain/confident auprès des femmes qu’il aime. Mais le traitement est plutôt original, voyez plutôt.

Alors que Doriand chante le refrain (“je suis un imposteur yop la li, yop la la”), celui-ci, qui jouait du piano depuis le début de la chanson, lève les mains au ciel. Mon esprit logique et cartésien s’attend alors à ce que la musique s’arrête mais que nenni. La musique était pré-enregistrée (nous saurons par la suite que c’est Alain Chamfort qui a joué ce qu’on entendait) et le sournois singeait le jeu de piano depuis le début de la chanson. Petit chenapan va ! En tout cas, le public est séduit.

C’est désormais à Keren Ann d’entrer en scène, entourée d’un batteur, d’un guitariste/bassiste sosie des membres du Black Rebel Motorcycle Club, d’un pianiste/bassiste au doigté un chouilla mécanique, un violoncelliste et une violoniste, la même d’ailleurs - du moins, c’est ce qu’il me semble - qui a accompagné Doriand précédemment. Les chansons du dernier album sont réussies. L’atmosphère est souvent éthérée, parfois très folk américain. Mais lorsque le groupe joue des chansons des anciens albums, la comparaison avec la tournée précédente n’est pas très flatteuse. Certaines chansons sont moyennes, voire ratées (Sur le fil).

Même si j’accuse surtout les accompagnateurs d’être responsables de cette demi-teinte, Keren Ann déconne parfois elle aussi, surtout lorsqu’elle use et abuse de sa pédale wah-wah plus adaptée à un registre hendrixien qu’à celui de la chanson française. Bref, mon impression est mitigée. Le concert est certes très bien, mais la tournée qui avait suivi la sortie de La disparition m’avait tellement enchantée que je reste sur ma faim.

Donnerais-je au groupe l’occasion de se rattraper en assistant au concert à l’Olympia le 3 octobre prochain ? Rien n’est moins sûr…