Comment est-ce possible ? Comment Carl Barât et ses Dirty Pretty Things ont-ils pu oser ? Comment après l’excellent Waterloo to Anywhere peut-on se dire, même l’instant d’une seconde : “ah tiens, on va sortir ça maintenant ! C’est bien, là ! Hein, les gars, c’est bien là, non ?”

Sérieusement, ce Romance at Short Notice est un raté quasi-intégral ! Et pourtant, on avait bien plus d’affection pour ce brave Carl que pour son ex-acolyte alcoolique et ses Babyshambles, dont le premier album faisait au mieux pleurer sur les cendres des Libertines ; au pire, Down in Albion risquait de mettre en panne le système hi-fi, mis à mal par tant de médiocrité. Alors, lorsque surgit l’an dernier Shotter’s Nation du père Pete, largement mieux que son prédécesseur (en même temps, le contraire eut été impossible…), on s’était dit que le temps, finalement, faisait bien quelque chose à l’affaire, et que les songwriters, y a pas à dire, ils se bonifient avec l’âge.

Mais, apparemment, le sieur Barât est une exception. En effet, dès Buzzards and Crows, on sent que cette nouvelle affaire pue. Certes, pas au début (c’est-à-dire jusqu’au premier refrain…). Et puis soudain, LA faute ! Il est là, bien audible. On remet le passage autour de 1 minute 45… Encore une fois… Allez, une dernière fois pour être sûr ! Non, il n’y a pas de doute ! Le bougre a ressorti le fameux effet Vocoder. On croyait le monstre enterré avec l’atrocité botoxée qui s’appelait Cher dans les années 90, et qui ne s’appelle plus désormais, et le monde ne s’en porte pas plus mal pour autant ! Au passage, je lance un appel : si quelqu’un dans ce monde peut citer un morceau que le Vocoder a embelli, je veux les références du titre en question ! Attention, les morceaux de Cher ne sont pas tolérés.

Le reste de l’album oscille entre chansons trop faciles (Hippy’s Son), morceaux inutiles (Tired of England, Come Closer), pistes aux effets moches (Faultines), reggae pourri (Plastic Hearts). Le trophée de la médiocrité est ici réservé à Kicks or Consumption qui, déjà trop facile, inutile et avec des effets moches, propose en plus, au chant, un mec qui a dû trop écouter les faux-punk californiens.

Malheureusement, le calvaire est loin de se terminer puisque, transpirant, on découvre qu’il reste encore 5 pistes à s’enfiler. L’âme en peine, la raison en déroute, on parviendra quand même à sauver deux choses : la première s’intitule Best Face, qui après un début raté (cela va de soi), vaguement hip-hop, se termine en un refrain plutôt entêtant. La seconde Truth Begins, parce qu’on a grand cœur et que c’est une chanson parfaite pour chanter au pub bras dessus, bras dessous, pourvu que l’on zappe une nouvelle fois le début de la chanson… ou plutôt toute la première moitié, en ne gardant que la partie où les cuivres sont présents… en fait, non, il ne faut conserver que la dernière minute !

En revanche, sans plus nous apesantir, jetons toute la fin du disque, que ce soit Chinese Dogs, qui tente, sans émouvoir, de retrouver le côté cradingue de la production des albums de l’ancien groupe de Carl, ou The North, dont les 3 minutes 30 semblent durer 10 ans environ. L’auditeur endormi (c’est-à-dire globalement tout le monde) aura d’ailleurs tendance à ne pas distinguer cette pénultième chanson de Blood on My Shoes, qui clot enfin l’album — puisqu’il serait en effet dérisoire de vouloir pousser la galette jusqu’à ses derniers retranchements pour écouter la “chanson cachée”, d’approximativement 3 secondes et qui n’est qu’un captage de discussions sans intérêt.

Bref, un album trop et mal produit, pas assez ou mal écrit. Espérons que Carl retrouve le mojo qu’il a dû filer à Pete en 2007. En attendant, souhaitons qu’il ne nous en veuille pas si on n’écoute son disque pas plus de 3 fois : la première pour faire l’affreux constat, la deuxième pour être sûr de ce qu’on vient d’entendre et la troisième pour écrire cette critique.

Niveau du disque : Zéro travaux