Led Zeppelin, avec deux ’p’ et un ’l’, est un groupe de rock’n’roll, fondé en 1968 sur les cendres des Yardbirds, lorsque James Patrick Page, dit Jimmy, le successeur de Clapton et Jeff Beck au poste de lead guitare du groupe, se retrouve seul en son sein avec des dates de concert à assurer. Il contacte alors le bassiste et arrangeur John Paul Jones, recrute le chanteur Robert Plant qui lui-même recommande un batteur, John Bonham. Keith Moon suggère un nom pour ceux qui débutent sur scène sous le nom de New Yardbirds. Led Zep est né.

Le livre commence quand la vie du groupe se termine, en septembre 1980, à la mort de Bonham, le batteur, dit Bonzo, lorsqu’une énième cuite se finit dans le style le plus glorieux du rock’n’roll : l’étouffement dans le vomi. Malgré plusieurs éphémères reformations depuis, la dernière en 2007, le groupe ne survivra pas à cet événement tragique. François Bon repart alors à la genèse du groupe.

Si Led Zep est composé de 4 musiciens, l’auteur a clairement ses chouchous. Ce qui donne par ordre croissant d’intérêt :

  • John Paul Jones, le musicien de studio londonien talentueux, bon père de famille, qui fait hôtel à part lors des tournées et vient au concert comme un ouvrier pointe à l’usine, Bon s’en contrefout.
  • Robert Plant, le cantonnier à la beauté divine, est le chanteur et est plus exposé sur la scène médiatique du Zep. En plus, à un moment, il a un accident grave, perd un enfant : c’est intéressant d’un point de vue dramaturgique.
  • Jimmy Page est le fondateur et le leader du groupe, guitariste de génie. Avec ses problèmes de drogues et sa passion pour Aleister Crowley et l’occultisme de manière générale, là, Bon commence à kiffer grave
  • Bonzo est une brute au cœur d’or, auto-destructeur et noyant sa dépression dans l’alcool quand il s’éloigne de sa vie de famille. Impliqué dans les anecdotes de tournée les plus croustillantes, pathétiques ou légendaires du groupe, il est le garant de l’esprit du rock’n’roll au sein du groupe et, là, ça cause sérieux, et Bon adore !

Bonzo est un jeune batteur de la région de Birmingham. Ce qu’il aime, c’est taper sur des peaux et plus c’est fort, mieux c’est. Quand les baguettes ne lui permettent pas de jouer assez fort, il y va avec les mains. La blague du coin, quand un groupe se pointe dans les environs, c’est de demander à son batteur de laisser jouer Bonzo sur son kit, pour voir sa gueule quand on lui rendra une caisse claire complètement défoncée par les coups de semonce de Bonham. La légende raconte que des années plus tard, Bonzo se pointera en limousine aux petits concerts de Birmingham et distribuera des caisses claires à tout va, pour régler ses dettes. Il achètera aussi une douzaine de costumes, dans les tissus les plus chers, au tailleur qui lui avait fait crédit de son costume de mariage, lorsqu’il était à peine majeur.

Bonzo s’est donc marié et a même eu 2 enfants, Zoe et Jason (ce dernier remplacera occasionnellement son père au sein du Zep lors des reformations). Au début de sa vie de couple, il vit dans une caravane avec sa femme Pat. Lorsque Bonham touche un de ses premiers cachets, 600 livres, Pat se dit sûrement que les choses vont aller mieux. Certes, mais pas tout de suite, car alors John achète alors une Jaguar d’occasion à 700 livres, plombant encore un peu plus les finances du foyer.

Plus tard, dans la période de gloire du Zep, il pourrit les morceaux que le groupe enregistre si ceux-ci ne lui plaisent pas, et invente les solos de batterie de 20 minutes (qui poussent parfois jusqu’à 40 minutes quand les autres membres du groupe lui planquent ses baguettes lors du passage joué à la main sur Moby Dick). Lorsque le groupe rentre à l’hôtel, Jones n’est plus là, Plant et Page choisissent les groupies avec lesquelles ils veulent passer la nuit. Bonham et son acolyte Richard Cole, le tour manager du groupe, vont alors s’évertuer à trouver les pires trucs à faire et dont les journaux des 70s se repaîtront : destruction de chambres d’hôtels, pratique de la moto dans leurs couloirs ou le fameux épisode du requin.

Tous les débordements du groupe, mais aussi ceux de Cole et de Peter Grant, le manager, leur vaudront de nombreux procès et interdictions de séjour dans divers hôtels ou pays. Et quand Cole règle la note aux hôtels qui consentent encore à les accueillir et que l’un de ses directeurs lui glisse : “Oh vous savez, je vous comprends un peu. Moi aussi j’aimerais pouvoir jeter une télé par les fenêtres de temps en temps”, alors Cole règle 500 dollars supplémentaires et répond “Allez-y, on vous l’offre”.

Bon s’intéresse donc surtout aux “épisodes” du groupe mais évoque également bien sûr sa musique : les sommets atteints par les 4 premiers albums du groupe, ainsi que les 5 suivants, qu’il défend mais sur lesquels on restera plus sceptique (Page est alors trop dépendant à la drogue et c’est Jones qui prend en charge la majeure partie du travail de composition). On sent pourtant qu’il le fait presque à contre cœur, parlant trop souvent de ses anecdotes perso vis-à-vis du groupe. On lui reprochera aussi un style “beat” systématique assez déconcertant et parfois lourdingue. Mais globalement, le livre est recommandé pour approfondir sa connaissance du groupe et parce que je défie quiconque de ne pas se marrer des anecdotes de Bonzo et cie.


Relire le post consacré à l’ouvrage de François Bon sur Bob Dylan