Faut-il parler compile quand on fait un article sur une compile ? Ne se suffit-elle pas à elle-même ? En l’occurrence, pour la face A de l’Automne 2017 selon Dead Rooster, j’avais le choix.

Ciao les artistes

J’aurais d’abord pu évoquer les quelques disparus mis à l’honneur ici. Pas mal de matière s’offrait à moi. Et déjà, le débat : “pour ou contre Johnny ?”. Trop attendu, trop compliqué et trop polémique. On s’en est déjà pris plein les dents avec Nolwenn Leroy. Donc, non merci !

J’aurais aussi pu faire de l’auto-congratulation, en rappelant que l’Encyclopédie Approximative du Rock and Roll avait préféré célébrer Fats Domino et quelques autres pionniers (ou du moins leurs homologues franchouillards) de leur vivant plutôt que d’attendre leur disparition pour torcher un bête article nécrologique. Mais non, l’heure n’est plus à ça !

J’aurais enfin pu remercier Dirty Henry et avouer mon inculture : je ne connaissais rien de Tom Petty. Le seul truc qui me lie un peu à lui, c’est l’épisode du Rock Camp des Simpsons. J’ai jamais écouté quoi que ce soit des Heartbreakers. “Merci Dirty !”… bon hé, ça va, on a dit : pas d’auto-congratulation !

Paf le chien

Sinon, j’aurais pu faire un article désopilant, évoquant les morceaux funs de la compile. Mener une enquête de fond sur Marie Möör : qui est-elle ? Quelle est la race de son chien ? A-t-elle un lien avec Lova ? Mais on s’en fout un peu.

J’aurais également pu faire un truc sur l’enchaînement Rutles/Sparklehorse, façon kébab salade/tomate/oignon (Cheese and Onions / Shade and Honey… t’as compris ?). Un article métaphorique où je faisais le lien entre le sandwich turc et une compile de musique, où les tranches de viande succèdent aux oignons, comme Sinéad O’Connor prend la suite de Built To Spill. Ou alors, j’aurais comparé un grec sauce blanche à la vie : les tranches de rigolades (là, je parlais des Rutles, humour anglais, Socrate contre Kant, etc.) se mélangent à des morceaux de trucs moins joyeux (et là, paf ! je faisais une tartine sur Sparklehorse, une éloge de son regretté chanteur Mark Linkous etc.).

Bon, c’était pas mal… Note pour un prochain article : utiliser la métaphore du kébab.

Tourne, tourne petit moulin

Dernière idée basique : écrire un méta-article commentant mes précédents. Et constater qu’une notion revient souvent : l’éternel recommencement. On fait, défait, refait. Ce méta-article en aurait été une preuve. Et la brave araignée qui vient clore l’heure et quelque de musique aurait parfaitement illustré mon propos : Gypsie/Sisyphe, même combat ! De la philosophie pour les 2-6 ans. Génial !

Mais allez, non, cessons de tourner en rond. Et si des enfants en bas âge me lisent et sont déçus en constatant que je n’ai pas choisi cet angle d’attaque, rassurez-vous, j’ai une autre compile rien que pour vous, avec Gypsie en number two, excusez du peu.

Le bouquin ?

Non, c’est décidé, je ne parlerai pas de musique, mais plutôt d’un excellent roman : Water Music, de T.C. Boyle. Alors, bien sûr, je vous vois venir, tous autant que vous êtes. Vous allez me demander, l’air circonspect : “pourquoi ?”. La réponse est très simple, mathématique. Voyez plutôt :

  • Johnny vs. Gypsie = roue qui tourne, temps qui passe
  • temps qui passe = un volcan s’éteint, un être s’éveille ⇒ Volvic ⇒ Eau
  • Eau + musique = Water Music

CQFD

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Ainsi donc, Water Music. Comme son titre ne l’indique pas, ce bouquin ne parle pas du tout de musique. Il raconte la vie de Mungo Park, l’explorateur écossais parti à la recherche des sources du Niger. Si vous avez aimé Lost City of Z., lisez ce livre ! C’est un peu la même histoire, mais en mieux construit, avec une intrigue plus immersive, pleine de détails et de subtilités.

Un roman-chorale comme on aime désormais appeler ce genre, où des destins a priori sans rapport, finissent par se croiser, se séparer, se retrouver. Comme les différents bras du fleuve dont le héros cherche la source.

Chaque destin est l’occasion pour T.C. Boyle de s’essayer à des styles d’écriture différents : roman d’aventures bien sûr pour décrire les péripéties de l’explorateur, mais aussi roman social lorsque l’écrivain détaille la vie de la société anglaise au tournant de la fin du 18è siècle, ou roman à suspense quand on suit le parcours chaotique d’un petit malfrat increvable.

Tout cela pourrait partir dans tous les sens. Mais l’écriture est d’une fluidité étonnante. Et comme tous les grands livres, la petite histoire dans la grande Histoire est surtout un prétexte pour balayer le grand spectre des émotions humaines. Il y a de l’amour, de l’humour, de la joie, de la tristesse. Et beaucoup d’autres choses encore…

Un peu comme la vie. Un peu comme une compile !

Écouter sur Spotify
  1. Johnny Hallyday - Gabrielle
  2. Fats Domino - Blueberry Hill - Non Stop Edit
  3. Tom Petty and the Heartbreakers - Runnin’ Down A Dream
  4. Rocket From The Tombs - Ain’t It Fun - Live
  5. The Records - Starry Eyes
  6. Dean & Britta - Night Nurse
  7. U.N.P.O.C. - Here On My Own
  8. The Easybeats - Friday On My Mind
  9. Marie Möör - Moi et mon chien
  10. The Standells - Riot On Sunset Strip
  11. The School - I Don’t Believe In Love
  12. Built To Spill - Goin’ Against Your Mind
  13. Sinéad O’Connor - Nothing Compares 2 U
  14. Grant Hart - You’re the Reflection of the Moon on the Water
  15. The Rutles - Cheese and Onions - 2006 Remastered Version
  16. Sparklehorse - Shade And Honey
  17. The Sore Losers - Cherry Cherry
  18. The Greenhornes - The End Of The Night
  19. Graham Coxon - Falling
  20. Clipounets - L’araignée Gypsie