Mardi 15 mars 2011. Zénith de Paris. C’est bientôt l’heure du concert d’Interpol, que Matthew Dear nous a convaincu d’attendre depuis le bar, une mauvaise bière à la main. Cinq types en costard s’avancent dans la nappe de fumée qui vient d’envahir la scène, un truc qu’ils ont dû apprendre en faisant la première partie de U2 il y a quelques mois. Parmi eux, trois membres d’origine du groupe : Paul Banks aka-Julian Plenti, chanteur, Daniel Kessler, guitariste et Sam Fogarino, batteur1. Adios donc Carlos D., bassiste et candidat permanent au titre d’homme le plus classe du monde. Depuis moins d’un an, il est remplacé sur scène par Brandon Curtis (claviers et choeurs) et David Pajo (basse)… qui vient déjà lui-même de quitter le navire au profit de Brad Truax qui n’a donc que deux petites semaines d’Interpol au compteur.

Success et Say Hello To The Angels déboulent d’entrée, histoire de se faire pardonner du calage approximatif du son et du jeu du groupe, qui va mettre quelques minutes à se mettre en place. Le public ne bouge pas beaucoup - comme souvent à Paris - mais semble ravi d’être là. A y regarder de plus près, la moyenne d’âge de l’audience doit tourner autour des 30 ans et aucun vrai jeune ne se profile à l’horizon. Remarquez, il faut bien admettre qu’Interpol est désormais un vétéran de la fameuse scène de revival rock du début des années 2000. The Strokes, Interpol, The Libertines, The Kings Of Leon voire Franz Ferdinand ne sont plus de jeunes groupes et vont tour à tour bientôt fêter leur première décade.

Durant cette décennie, Interpol s’est créé une place à part dans mon panthéon personnel. D’abord, les New-Yorkais m’ont rouvert la porte vers la “cold wave” de la fin des années 70 et Joy Division en particulier. En outre, de Turn On The Bright Lights (premier album paru en 2002, découvert en ce qui me concerne sur un split CD promo d’extraits que j’avais reçu en tant que street fan de Nada Surf) à Interpol (dernier album en date, le quatrième, sorti en 2010), je n’ai jamais été déçu. C’est toujours agréable de vieillir avec un groupe. Les artistes les plus essentiels ont dans leur discographie des suites d’album à la maturité croissante. Les Beatles, les Kinks et les Rolling Stones en font bien sûr partie mais, quand on est né dans les années 80, on les découvre a posteriori. En y réfléchissant bien, il n’y pas légion de groupes qui m’auront été contemporains et dont la maturation m’aura accompagné, et les deux premiers noms qui me viennent en tête sont Blur et Interpol. Ce post a commencé comme chronique de concert, revenons-y vite avant qu’il ne se transforme en lettre d’amour.

Avec Lights en milieu de set, un titre au potentiel incroyable mais dont le final scénique laisse le public légèrement frustré, Interpol pose un léger temps faible (c’est diablement important l’alternance temps fort/temps faible, le tout étant de faire en sorte que le temps faible ne devienne pas méga-chiant), avant de lancer son final par The Heinrich Maneuver et conclure sur Not Even Jail. À peine le temps de parier que Obstacle 1 et Slow Hands seront du rappel, et voilà qu’on remporte la mise et qu’on a Untitled en rab. On est tout de même privés du très intense Pioneer to The Falls mais on va s’en remettre.

Banks et Kessler sont souriants au moment de quitter la scène : une première selon mon expérience. Les concerts d’Interpol sont généralement froids, au bon sens du terme. Mieux, ils saluent même presque chaleureusement le public avant de nous lâcher un “See you next time”, certes peu original mais toujours rassurant venant d’un groupe qui aura splitté à de nombreuses reprises sans nous mettre au courant2.

Finissons par un Interpol pour les Nuls afin de mettre le pied à l’étrier à ceux qui connaissent encore mal le groupe.

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La version 2 titres :

  1. Say Hello To The Angels
  2. Slow Hands

La version 10 titres :

  1. Obstacle 1
  2. Say Hello To The Angels
  3. Stella was a diver and she was always down
  4. Evil
  5. Slow Hands
  6. Length Of Love
  7. Pioneer to The Falls
  8. The Lighthouse
  9. Success
  10. Lights

La setlist du concert :

  1. Success
  2. Say Hello To The Angels
  3. Narc
  4. Hands Away
  5. Barricade
  6. Rest My Chemistry
  7. Evil
  8. Length of Love
  9. Lights
  10. C’mere
  11. Summer Well
  12. NYC
  13. The Heinrich Maneuver
  14. Memory Serves
  15. Not Even Jail
  16. Untitled
  17. The New
  18. Slow Hands
  19. Obstacle 1
  1. Bon, OK, le vrai premier batteur du groupe s’appelait Greg Drudy mais bon, je simplifie un peu.

  2. En 2006, dans une déclaration publiée sur leur site officiel pour annoncer la puration prochaine de Our Love to Admire, on pouvait lire :

    We did break up – four times – but that’s all behind us now