Voilà ce qu’on appelle un mec droit dans ses bottes. Loin des modes revivalistes, des sonorités tatapoumesques pour dancefloors ruisselants de sueur, Connan Mockasin, future grande pointure, nous offre un premier album hors norme.

Déjà, la longueur des morceaux oscille entre 25 secondes et 10 minutes. Avouez-le : c’est déjà pas banal ça ! Ensuite le style. Ou plutôt les styles. Le néo-zélandais ne semble pas vouloir être enfermé dans une boîte (à chaussures). Alors difficile de définir ce qu’il nous offre. Pour sûr, ce n’est pas du rock pour porteurs de santiags. Non ! Nous sommes plutôt en présence d’une pop psyché contemplative mais pas pantouflarde, pleine d’effets, avec des voix complètement distordues et pleines d’écho. La force de Connan, c’est qu’il nous fait voyager sans cesse, mais qu’on est jamais perdu ! Son talent aiguille l’auditeur. Bon, voilà, j’ai à peu près fini avec les jeux de mots cordonniers. Alors, parlons vraiment de la musique !

Megumi the Milkyway Above, premier titre, nous transporte dans un univers enfantin et cotonneux. Les chansons s’imbriquent ensuite parfaitement. On passe d’un univers à l’autre sans discontinuité, la fin d’un titre est le début du suivant. Pourtant, rien ne se ressemble vraiment : It’s Choade My Dear est une chanson aqueuse, comme semble l’attester le clip officiel :

Puis tranquillement, Faking Jazz Together nous fait quitter l’eau, pour rejoindre un lit moelleux où notre esprit vagabonde dans des rêves indistincts (sorte de chanson parfaite pour le début d’une compile du dimanche matin). En tout cas, ça me fait faire des vachement jolies phrases, vous avez vu ?

Avec Quadropuss Island, on se retrouve certes sur une île, avec plage de sable fin et mer paisible, sauf qu’il serait 6h du mat, qu’il y aurait une brume tenace et qu’il ferait -10°C.

Et alors vient Forever Dolphin Love, le mastodonte qui occupe un tiers ou quasi de la galette. Pendant 3-4 minutes, on comprend rien à ce qui se passe ! C’est quoi ? De la pop minimaliste japonaise ? Une répète d’un groupe Tribute To Depeche Mode où les gars découvriraient les synthés électriques ? Ah non, c’est de la pop sixties, tendance Melody Nelson ! Ou alors quoi ? De la pop psyché-guinguette ? Du Sigur Rós des antipodes ? Et puis non, en fait, y a vraiment une basse à la Melody Nelson là ! Attention, chef-d’œuvre flippant, surtout si on accompagne l’écoute du clip qui va avec :

Après ce plat de résistance, Muss est un no man’s land désolé, un dimanche après-midi d’octobre. Mais c’est surtout une introduction au fantastique, hypnotique et épique Egon Hosford où on se dit que si Mozart avait joué de la batterie sous LSD, il aurait pu faire un truc dans ce style :

Au pays des drogues, les licornes sont les reines. C’est ce que semble vouloir dire Unicorn in Uniform et ses chœurs beatlessiens. Passons rapidement (pas plus de 25 secondes quoi…) sur Grampa Moff pour arriver directement à la conclusion de ce premier album : Please Turn Me Into the Snat semble être un condensé de tout ce qui précède, batterie martiale par-ci, basse melodynelsonnesque par-là, le tout dans un monde brouillardeux et difforme.

Le voyage s’arrête là, sauf qu’on n’a qu’une envie : tout recommencer depuis le début ! Attachez votre ceinture. Mettez vos baskets, chouette, c’est sympa, tu verras ! Hop ! (Re)Play !